ATTAC interpelle les candidats aux élections - 3 avril 2007

la fiche Nord/Sud

Fiche n°3 - Relations Nord / Sud

Le constat que nous pouvons tirer de la situation mondiale est alarmant. 840 millions de personnes souffrent de sous-nutrition, pour la plupart des paysans ou des « néo-urbains » ayant dû quitter leurs terres pour s’amasser dans les bidonvilles des métropoles. Faute d’accès à l’eau potable, 1 300 millions de personnes sont sujet aux maladies et de nombreux enfants meurent.
Il ne s’agit pas seulement, bien évidemment, de s’alarmer devant cette situation, qui ne résulte en rien d’une fatalité mais qui a été savamment construite par les économies capitalistes et qui s’est amplifiée depuis le tournant néolibéral de la fin des années 70 du siècle dernier.
Nous dénonçons sur ce point le rôle des Etats du G8 et des institutions internationales qu’ils contrôlent, notamment le Fonds Monétaire International [FMI], la Banque mondiale [Bm] et l’Organisation Mondial du Commerce [OMC], et nous proposons au débat des mesures de rupture avec le néolibéralisme afin de réduire les inégalités et esquisser les voies vers un autre ordre mondial et une justice planétaire.
Nous identifions en cela trois points cruciaux que nous versons au débat..


Annulation de la dette publique des Etats du Sud et réforme des Institutions Financières Internationales [IFI].

Après avoir été incités par la Bm à s’endetter dans les années 60 et 70 afin de développer un modèle productiviste tourné vers l’exportation de matières premières pour les besoins des économies du Nord, les Etats du Sud croulent aujourd’hui sous le fardeau d’une dette publique, parfois illégitime puisque les fonds prêtés se sont retrouvés sur les comptes bancaires des dictateurs de ces Etats dans des banques privées du Nord, ayant permis aux Etats majoritaires dans le capital des IFI d’imposer à l’ensemble de la planète le credo néolibéral via les Plans d’Ajustement Structurel.

L’Etat français est un actionnaire du FMI et de la Bm. En tant que député :
 Seriez-vous prêt à demander à ce que la France agisse en sorte d’annuler la dette publique des Etats du Sud dont la dette est illégitime et/ou dont le capital a déjà été remboursé plusieurs fois via les intérêts ?
 Vous engagez-vous à demander une réforme en profondeur du FMI et de la Bm visant à modifier leurs pratiques et orientations, ainsi que leur mode de fonctionnement, notamment en instaurant une représentation équilibrée des divers pays ?

Refus du libre-échange doctrinal.
Le principe prévalant au sein de l’OMC est celui d’une libéralisation générale des échanges commerciaux. Alors que le libre-échange défait de nombreuses économies locales et les modes de vie qui lui sont associés en les mettant en concurrence avec des entreprises transnationales et une rationalité économique fondée sur la recherche du seul profit, les traités multilatéraux signés au sein de l’OMC ou les traités bilatéraux [comme par exemple les Accords de Partenariat Economique entre l’Union Européenne et les Etats Afrique Caraïbe Pacifique] continuent à inscrire le libre-échange dans les agendas de tous les pays.

L’Etat français est actif en termes de demande de libéralisation. En tant que député :
 Seriez-vous prêt à défendre les principes d’une ouverture sélective des marchés, destinée à favoriser les productions locales et à protéger les secteurs prioritaires (par exemple, l’agriculture et les biens culturels) et à reconnaître aux pays du Sud le droit à protéger leurs industries naissantes par des droits de douanes adéquats ?
 Vous engagez-vous à favoriser, au plan bilatéral et/ou multilatéral, des accords commerciaux et relatifs aux investissements et à la protection de la propriété intellectuelle selon les principes de solidarité avec les pays les moins avancés, de préservation ou de création de l’emploi local, de satisfaction des besoins sociaux et de protection de l’environnement, des ressources et des savoirs ?

Taxation financière internationale.
L’ordre néolibéral et la dérégulation des marchés financiers a permis à la finance de prendre le pas sur les économies de tous les Etats. Depuis la crise financière en Asie du Sud-Est il y a dix ans, les méfaits de la spéculation financière sont pointés du doigt. Aucune mesure visant à enrayer ce mécanisme spéculatif sur les monnaies n’a pourtant été prise. En plus de contre-carrer les intérêts propres des mouvements spéculatifs, cette taxe sur les opérations de change permettrait de financer les Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés par l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies en 2000 et de financer l’élaboration d’un statut mondial pour les biens communs désormais déclarés inaliénables : l’eau, le climat, l’énergie, les ressources non renouvelables, le vivant, les semences, la connaissance.

L’Etat français peut jouer un rôle sur cette recherche de régulation, autre que par le développement une taxe sur les billets d’avion. En tant que député :
 Seriez-vous prêt à proposer au Parlement français une mesure en faveur de l’application de la taxe Tobin-Spahn afin de rendre nuls les gains escomptés de la spéculation financière, ainsi que cela fut voté par le Parlement belge en 2004 ?
 Quelle gestion pensez-vous la meilleure pour les sommes collectées au travers de cette taxe ?

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