La longue marche de Léo contre « l’esclavage moderne » contre l’impunité des donneurs d’ordre et des patrons « voyous »


19 jours de grève de la faim pour obtenir le paiement de leur salaire.

En mars 2008, trois ouvriers grecs : Nikos, Boris et Léonidas travaillant au chantiers navals de St Nazaire pour le compte d’AKER/YARDS ont été contraint de faire 19 jours de grève de la faim pour obtenir le paiement de leurs salaire. Elbe, sous traitance de 2eme niveau, une société « bidon » de droit allemand qui les avait recrutés pour le compte d’Aker yards bafouait toutes les règles du droit français : pas de contrat de travail, pas de bulletin de salaire, pas de protection sociale, horaires de travail démentiels et salaires dérisoires non conforme à la législation Française...Cette société fut épinglée plusieurs fois par l’inspection du travail, mais jamais sanctionnée. Pire pendant toute la durée de la grève de la faim des trois Grecs, le donneur d’ordre, Aker Yards, bénéficiaire de l’exploitation esclavagiste des travailleurs étrangers, a constamment couvert les pratiques mafieuses d’Elbe...

« Montage exotique »= recrutement de travailleurs étrangers low cost.

Ce conflit, parmi tant d’autres est l’illustration des conséquences du choix fait en 2001 par la direction des chantiers de l’Atlantique « pour faire baisser les coûts » : le montage « exotique »... C’est à dire le recrutement de travailleurs étrangers low cost par l’intermédiaire d’une cascade de sociétés de sous traitance plus ou moins douteuses. Cette politique a entraîné de nombreux conflits animés par la CGT et impliquant des travailleurs de toutes nationalités.

Une victoire mais aussi une issue tragique.

Finalement au bout de 19 jours d’une grève de la faim, le 1er avril 2008 ; les 3 ouvriers Grecs obtiennent satisfaction sur l’essentiel. Aker paie les salaires demandés et les billets d’avion du retour (mais refuse de fournir les bulletins de salaire). Cela est ressenti comme une victoire par les 3 ouvriers, par la CGT et le collectif de soutien composé de simples citoyens ( plus d’une centaine) et d’organisations diverses travaillant en étroite collaboration avec la CGT qui ont accompagné – nuits et jours- la lutte des 3 grecs.

On aurait pu en rester là, mais à la différence des nombreux conflits provoqué par ce système esclavagiste, l’issue fut tragique pour Nikos qui décéda le lendemain de son retour en Grèce. C’est ce qui décida Léonidas de porter plainte contre STX (le successeur d’Aker Yards) aux Prud’hommes au nom de la famille de Nikos, de Boris et de lui même.

Bientot 7 ans de procédure prud’hommale.

Dans son référé en date du 4 février 2013 le juge déboute les 3 grecs de toutes leurs demandes et les condamne aux dépends car, dit-il « il n’est pas établi...l’existence de lien de subordination à (l’égard des 3 Grecs), que la société AKER YARDS ait été (leur) co-employeur...Il n’est pas davantage établi qu’en sa qualité de donneur d’ordre, la société AKER ait été informé par écrit par une personne légalement habilitée, du caractère irrégulier de la société Elbe, (...). Elle n’était donc pas tenue à son égard de l’obligation de vérification légale. » Le système destiné a transgresser le droit du travail a bien fonctionné : STX( AKER) est absout et Elbe a disparu sans laisser de traces quelque mois après le conflit !

L’avocate des 3 grecs a fait évidemment appel.

Le procès en appel a eu lieu le 27 novembre 2014 à Rennes.

Devant le tribunal, accueillis par l’UL CGT de Rennes une soixantaine de militants CGT et du comité de soutien ont manifesté leur solidarité avec Léo. Des messages de soutien de Syriza et du syndicat grec META ont été lus..

Le délibéré est fixé au 30 janvier 2015.

7 ans dans les « magasins de l’enfer de l’europe

Les enjeux sont énormes car le système esclavagiste mis en place en 2001 se perpétue aujourd’hui encore, non seulement à Saint-Nazaire, en France mais aussi dans toute l’Europe et notamment en Allemagne.
Léonidas qui pendant près de 7 ans de procédure a travaillé en Allemagne dans « les magasins de l’enfer de l’Europe » comme il dit en a fait l’expérience . Pourtant ces années de « galère » n’ont pas ébranlé sa détermination, au contraire.

« je continuerai mon combat pour que cesse l’esclavage moderne »

D’ores et déjà Léonidas a déclaré : « quelle que soit la décision du tribunal, je continuerai mon combat pour que cesse l’esclavage moderne dans les chantiers et pour que les ouvriers, Grecs, Polonais, Bulgares, Russes, Roumains... etc voient leurs droits fondamentaux respectés. Je suis déterminé à aller jusqu’au bout. »

Quelque soit l’issue, Léo a dore et déjà remporté la victoire de la dignité contre la résignation, la victoire pour la solidarité, contre le chacun pour soi et la division.

La logique infernale d’un système qui engendre une récession pour tous
Son courage, sa détermination nous interpelle, nous les internationalistes, nous les militants des droits humains et de l’égalité des droits. Nous sommes confrontés à la logique infernale du système capitaliste qui pousse à la baisse obsessionnelle du (prétendu) coût du travail, à la concurrence entre nations et individus (facteur de guerre économique et de guerre tout court). Cette logique esclavagiste engendre une spirale de récession des droits pour tous et un retour en force du racisme.. Le pire c’est que ce système se nourrit de ses propres tares en jouant sur les inégalités qu’il a lui même engendré. On ne peut pas s’en sortir en régulant les "régressions" ni en s’en tenant à la préservation des "droits acquis" et encore moins en s’en prenant « aux étrangers qui viennent prendre notre boulot ».

Pas d’autre issue que la lutte commune Pour détruire ce système
il n’y a pas d’autres issues que la Lutte commune en s’appuyant et en appuyant la lutte des premières victimes les plus exploitéEs, les plus discriminéEs- : immigrés , travailleurs détachés- précaires....

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