Des paradis fiscaux un peu moins secrets

samedi 14 mars 2009

Des paradis fiscaux un peu moins secrets

Longtemps insensibles aux pressions internationales, plusieurs adeptes européens du secret bancaire promettent plus de souplesse. À défaut d’une transparence totale.

Un peu plus de transparence à Jersey

Après Andorre, le Liechtenstein et la Belgique, jeudi, la Suisse, l’Autriche et le Luxembourg ont annoncé, hier, un assouplissement de leur secret bancaire. La crainte de figurer sur la « liste noire » des paradis fiscaux précipite les annonces.

S’ils promettent de se montrer plus coopérants, notamment en cas de soupçons de fraude fiscale, ces rois de la discrétion n’entendent pas renoncer totalement à ce qui attire les capitaux. Ils s’engagent simplement à renforcer l’échange d’informations avec d’autres pays, au cas par cas.

Un petit pas de nature à insuffler un peu d’optimisme à la réunion des ministres des Finances du G20, aujourd’hui, à Londres. Ils y préparent le sommet des chefs d’État et de gouvernement du 2 avril censé réformer la finance mondiale.

Un menu copieux, avec un mets de choix : la lutte contre les paradis fiscaux. Sans attendre, certains ont préféré se mettre à table.

Un paradis fiscal, c’est quoi ?

Un pays ou la fiscalité est particulièrement basse par rapport à celle pratiquée dans la plupart des pays riches.

Quelle est la liste de ces paradis ?

Faute de législation précise, tout est question d’appréciation. Être un paradis bancaire ne fait pas obligatoirement de la Suisse un paradis fiscal, par exemple. Mais le fait, pour une île indépendante comme Nauru, d’abriter 450 banques sur ses 20 km2, laisse à penser qu’il y a anguille sous roche.

Quel est leur poids financier ?

Il n’existe que des estimations. 7 500 milliards d’euros y seraient déposés ou gérés. 4 000 banques présentes (dont deux tiers de fonds spéculatifs), ainsi que 2 000 sociétés écran. Ces paradis contribuent à l’évasion fiscale : le Trésor américain serait ainsi grugé de 75 milliards d’euros, le fisc français de 20 milliards.

Sont-ils essentiellement exotiques ?

L’éloignement ne fait rien à l’affaire. Mais il est plus facile de traiter d’États-voyous des îles à cocotiers inconnues (Niue, Aruba, Vanuatu) que de balayer devant sa porte : Andorre, Lichtenstein, Jersey, Monaco... Sans parler d’États comme la Suisse ou le Luxembourg...

Paradis rime-t-il obligatoirement avec filouterie ?

Les paradis fiscaux sont régulièrement montrés du doigt pour le rôle joué dans le blanchiment d’argent, les trafics de drogue, etc. Mais cela n’empêche nullement de grandes banques américaines d’y implanter des filiales par centaines. Les françaises préfèrent Jersey, les Caïmans, Chypre et Singapour. Sans oublier Monaco et le Liechtenstein.

Pourquoi les États mettent-ils actuellement la pressionsur ces paradis ?

Parce qu’en période de crise mondiale, ils privent les États de rentrées fiscales dont ils auraient grand besoin.

Voir en ligne : Ouest-France

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