l’Humanité des débats. Paradis fiscaux

Paradis fiscaux : que faudrait-il faire ?

Article paru
le 28 mars 2009

Rappel des faits

Les pays du G20 se réuniront le 2 avril à Londres avec l’objectif proclamé de prendre des mesures contre la crise. Des voix montent de toutes parts pour dénoncer les paradis fiscaux. Après Barack Obama ou Angela Merkel, Nicolas Sarkozy a déclaré vouloir lever le secret bancaire et mettre en cause les États couvrant la fraude fiscale.

Depuis quelques jours, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, mais aussi premier ministre luxembourgeois, ne cache pas son soulagement : « Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont fait savoir que la France et l’Allemagne ne seraient pas d’accord avec l’inscription du Luxembourg, de l’Autriche et de la Belgique sur la liste des paradis fiscaux. » La présidence tchèque de l’Union européenne s’est d’ailleurs empressée d’avaliser de son côté. « Je reste persuadé qu’aucun pays de l’UE ne devrait figurer sur une quelconque liste », a précisé le ministre tchèque des Finances.

Dans le même temps, du côté de la Suisse, les autorités se sont très sérieusement activées pour que leur pays ne soit pas mis à l’index. Quelques promesses de levée partielle, et dans des cas limités, du secret bancaire semblent avoir suffi pour écarter les menaces de sanction. Par ailleurs, certains observateurs n’ont pas manqué de souligner que Nicolas Sarkozy, dans ses vigoureuses envolées contre les paradis fiscaux, a soigneusement évité d’aborder les cas de Monaco et d’Andorre, où la France est directement impliquée. Sans parler de Saint-Barthélemy ou Saint-Martin aux Antilles… Il a omis d’évoquer aussi les entreprises du CAC 40 qui, toutes sans exception, possèdent des filiales « offshore », tout comme les principales banques françaises, de BNP Paribas à la Société générale, celles-là mêmes au secours desquelles l’État vient, si généreusement, de se porter.

Alors, le G20 ne sera-t-il finalement que la montagne qui accouche d’une souris ? Les paradis fiscaux ne sont-ils pas inhérents au système capitaliste mondialisé ? Peut-on s’y attaquer véritablement sans mettre en cause le système lui-même ? Toute cette agitation est-elle pure hypocrisie ou, au contraire, marque-t-elle les premiers pas d’une nouvelle régulation de la finance internationale ? Au profit de qui ? Face à la crise, n’est-il pas urgent que les citoyens se mêlent de l’utilisation de l’argent, de sa circulation ? Autant de questions auxquelles les interventions réunies dans ces pages apportent des réponses et des éclairages parfois très différents.

Jacqueline Sellem.

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