Retour de Belém : "Um outro mundo é possivel"

Le neuvième Forum Social Mondial s’est achevé début février à Belém (Brésil), aux portes de l’Amazonie. Nous étions de la dizaine d’habitants de Loire-Atlantique qui ont partagé cette aventure humaine avec les quelques 130.000 participants.
Et quelle aventure... Partis de Paris avec une nuit de retard, à Rio, nous nous retrouvons à une soixantaine devant le comptoir d’Air-France qui n’a pas assuré notre correspondance pour Belém... Mais un groupe de militants, cela s’organise vite... et de sit-in en coup de gueule et refus de solutions individuelles, après une nuit dans un hôtel de luxe et une matinée sur le sable de Copacabana (nous en rougissons !), Air-France affrète un avion rien que pour nous ! Nous arrivons enfin à Belém, avec un jour de retard, le dimanche 25 janvier. Déjà nous avons expérimenté la diversité et la solidarité des participants au Forum.
Cela nous laisse moins de temps que prévu pour découvrir Belém, métropole de 1,5 million d’habitants, capitale de l’Etat brésilien du Pará, près de l’embouchure de l’Amazone. La ville a acquis son importance au début du XXème siècle lors de la ruée vers le caoutchouc naturel de la forêt amazonienne. L’architecture en porte encore de splendides traces à l’ombre des manguiers géants, mais aussi quelques façades fort défraîchies. Elle n’a pas échappé à l’installation de favelas à sa périphérie.
Le Forum se réunit dans deux universités distantes d’environ 3 kilomètres, à une dizaine de kilomètres du centre-ville : l’Universidade Federal Rural da Amazônia (UFRA) et l’Universidade Federal Profisional da Amazônia (UFPA), entourées par le fleuve, la savane amazonienne et une favela.

Dansons sous la pluie !

Le défilé inaugural (70000 personnes dit-on !) démarre le mardi après-midi sous une pluie battante, pendant une heure ! ... une pluie équatoriale, lourde, tiède qui vous trempe en quelques minutes... Malheur à ceux qui n’ont ni poncho, ni parapluie ! Loin de disperser la manifestation cette pluie solidarise les participants, brésiliens en grand nombre mais aussi indiens, japonais, africains, européens, américains du Nord et du Sud... femmes, syndicalistes, peuples indigènes..., intellectuels, militants... Et toujours aussi dynamique, le défilé arrive Praça do Operario (Place de l’Ouvrier) pour un meeting festif dans une ambiance amazonienne.

Les enjeux de l’Amazonie


La première journée du Forum, le mercredi 28 janvier est consacrée à l’Amazonie et à ses peuples. L’Amazonie, concentre les dégâts les plus graves de la crise écologique avec ses conséquences désastreuses sur le climat : coupes forestières (illégales pour l’essentiel), pâturages et enfin culture du soja pour l’exportation et la production d’agrocarburants mais aussi exploitation sauvage de minerais, multiplication de barrages hydroélectriques... La forêt amazonienne a perdu près de 20% de sa superficie ! Les terres sont accaparées par de grands propriétaires privés ou des multinationales qui ne reculent devant aucun moyen. Mais les peuples de l’Amazonie résistent à la spoliation de leurs terres, à la confiscation de leurs connaissances et du patrimoine génétique de la forêt par les multinationales...
Tout au long de cette journée ces peuples ont su faire partager la réaffirmation de leur identité et progresser dans la compréhension de leurs revendications, de leurs espoirs, de leur organisation communautaire sans jamais tomber dans le folklore.
Cette journée de l’Amazonie a marqué la volonté des organisateurs de voir les questions écologiques prises en compte pendant le Forum. Cela fut certes réussi mais ces questions ont insuffisamment irrigué l’ensemble des réflexions. Au-delà des déclarations de principe, elles sont trop souvent restées cantonnées à des séminaires spécialisés

Les enjeux brésiliens


L’organisation du Forum n’était pas sans enjeux locaux. L’importante présence des brésiliens (sans doute plus de 85% des participants) et la répartition des thèmes ont pu parfois donner l’impression que se côtoyaient deux forums : un forum brésilien et un forum international !
La venue du Président Lula et de quatre autres chefs d’Etats latino-américains est significative de l’importance prise par le forum et de son poids dans les évolutions de l’Amérique Latine. Mais cela ne va pas sans problèmes (voir ci-dessous). Des élections doivent avoir lieu au Brésil en 2010. Les élites politiques locales et notamment la gouverneure de l’Etat du Parà ont mis les moyens pour que la réussite du Forum soit un appui pour sa réélection (non assurée) en 2010.

Une foule multiple


Pendant tout le Forum, les allées des universités, les tentes, les barnums, les salles de cours ont été prises d’assaut par une foule multiple, aux attentes multiples. Il y avait là bien sûr la foule des brésiliens, certains flânant, d’autres attentifs ou participant avec les non-brésiliens aux débats. Une foule d’une grande jeunesse, à l’image du "campement de la Jeunesse", multicolore et lieu d’échanges internationaux.
Les non-brésiliens étaient majoritairement européens (dont de nombreux français), mais hélas fort peu africains ou asiatiques... Le coût global est un obstacle difficilement surmontable par certains. La construction et la force de l’altermondialisme sont moins développées dans certaines parties du monde comme l’Asie ; cela explique leur plus faible de représentation.
Le Forum est un lieu et un moment important d’échanges entre organisations. Et ce dès la préparation : une première phase (dite de propositions) voit en effet chaque organisation ou réseau proposer librement des activités (séminaires, ateliers..., plus de 5000 propositions pour Belém) ; ces propositions sont diffusées et dans une deuxième phase (dite d’agglutination), les associations intervenant sur des thèmes proches sont invitées à se regrouper et organiser des activités communes (ce qui a ramené les propositions de 5000 à 2000, encore trop !). Le forum est un foisonnement où chaque groupe politique ou associatif s’organise et en côtoie d’autres, un lieu de transversalité, de manifestations, de débats. Tous en reviennent avec des souvenirs, des contacts, des projets pour un autre monde possible et nécessaire.
Les responsables, élus, désignés ou salariés des grands réseaux internationaux présents contribuent largement à l’organisation et à la structuration des débats, assurant ainsi la qualité des confrontations, des concertations, des coordinations.

La société civile


Pour pouvoir participer au Forum Social, il suffit de se déclarer en accord avec l’article 9 de la Charte de Porto Alegre (http://www.forumsocialmundial.org.br/main.php?cd_language=3&id_menu=4). Cette contrainte limitée (aucun "contrôle" n’en est fait) permet la participation de nombreuses organisations. Se retrouvent donc sur le forum toutes les associations qui se présentent comme faisant partie de la société civile, qu’elles se définissent comme force de contestation, de proposition, de coopération, de solidarité ou bien simplement qu’elles veuillent exister pour réaliser leurs buts propres et profiter de cette tribune.
Les syndicats sont présents, bien évidemment ceux du Brésil : la CUT (Centrale unique des travailleurs) et la UGT brésilienne (Union Générale des Travailleurs), mais aussi des représentants des syndicats des autres pays d’Amérique latine et des confédérations européennes comme la CGT et la CFDT françaises.
Des associations de différents types se côtoient, travaillent ensemble, apprennent à faire converger leurs objectifs, qu’il s’agisse d’associations altermondialistes (le CADTM, ATTAC, le CCFD...), caritatives (CARITAS et sa branche française : le Secours catholique...), féministes, pacifistes, environnementalistes, d’amitié entre les peuples (France-Amérique latine...)
L’engagement des Églises ne se dément pas. Reste à évaluer leur poids réel dans le déroulement et les orientations du Forum, notamment par rapport aux mouvements laïques comme les syndicats. L’ouverture intellectuelle et sociale de l’Eglise catholique brésilienne est réelle. Ainsi l’atelier consacré à la théologie de la libération affirme que le message chrétien est source de libération et non de résignation, que les actions concrètes sont nécessaires pour le bien être et à l’émancipation des habitants des quartiers, des villages... Mais cela ne peut faire oublier la place de plus en plus pesante des mouvements évangéliques d’origine américaine dont les opinions politiques sont le plus souvent réactionnaires et les risques sectaires tant sur le forum et dans la société brésilienne.
La place des partis politiques est ambiguë : ils ne peuvent faire partie du Conseil International et du Comité d’organisation du FSM. Les organisations politiques les plus nombreuses sont locales. Celles des autres pays ou continents se limitent à l’envoi de représentations plus ou moins mandatées. Mais, de fait, les partis pèsent peu dans le déroulement du FSM. Les enjeux politiques sont ailleurs, notamment dans l’articulation entre le Forum et les enjeux politiques locaux et globaux, qu’il s’agisse par exemples du positionnement des acteurs politiques locaux par rapport au Forum ou du poids de la crise actuelle dans les réflexions et les décisions du Forum.

Le Forum Mondial : un processus

Le Forum social est un processus global dont l’intérêt ne se réduit pas au temps de sa préparation et de son déroulement dans un rassemblement mondial. Cet intérêt réside aussi dans le fait de concerner des aires géographiques différentes : forums mondial, continentaux, régionaux, locaux... L’organisation peut varier impliquant plusieurs "centres". Ainsi en 2006, le forum mondial fut "polycentrique" : il s’est déroulé en même temps à Caracas pour l’Amérique latine, Bamako pour l’Afrique, Karachi pour l’Asie. Sur ce processus voir le texte final de Belém "Face à la crise, impulser le processus permanent du forum social" 
Afin de faire converger les initiatives des forums locaux et la dynamique du Forum Mondial, Attac-France a organisé des visio-conférences entre Belém et différentes villes de France (une douzaine) qui, malgré les difficultés techniques, ont rencontrées un grand succès.
Malgré les difficultés techniques (la liaison internet ne fût pas toujours à la hauteur) les participants au Forum ont tenté, au jour le jour, de partager leurs expériences en postant des billets sur le site web d’Attac France 

Crise financière !


Parmi les quelques 2000 séminaires, débats, forums, ateliers... il faut choisir ! Avec la délégation d’ATTAC-France, il était tout indiqué de se consacrer aux réflexions et élaborations liées à la crise financière1.
La liste des co-organisateurs de ces séminaires est un bon indicateur de l’aspect international de la réflexion ; parmi ceux-ci étaient impliqués Action Aid, Attac, CADTM, CCFD, CNCD, CRID, Eurodad, Forum mondial des alternatives, IBON, LATINDADD, Tax Justice Network, Transform !, War on Want, World Council of Churches et d’autres. Le séminaire qui s’est déroulé sur 3 jours a été attentivement suivi par d’autres réseaux (CARITAS par exemple). A partir des travaux antérieurs de chacun des réseaux, les riches débats ont abouti à un texte. Ce texte analyse la crise comme crise globale du système capitaliste. Cette nouvelle vision du monde qu’il appelle de ses vœux vise la remise en place d’un nouveau système démocratique. Cela passe-t-il par la sortie du "système de production capitaliste" considéré comme responsable de cette crise ou bien est-ce compatible avec de nouveaux modes régulation de ce système ? Ce texte ne se prononce pas !

Justice climatique

Attac-France était aussi impliqué très directement dans d’autres séminaires : Biens publics avec les Amis de la Terre, le CADTM, Tax Justice Network... Dette et crise alimentaire avec le CADTM... Justice climatique avec Movement on Debt and Developpemnt, Christian Aid, le CADTM... Logement et urbanisme...
Alors que le capitalisme néo-libéral pille sans vergogne les ressources de notre planète, détruit les éco-systèmes et les modes de vie, et jusqu’aux conditions même de la vie sur notre planète, le choix de la tenue du FSM à Belém en Amazonie était un signal fort de la conscience de l’importance des enjeux environnementaux et climatiques actuels. Attac, créée il y a dix ans pour "désarmer les marchés financiers", a pris ces questions à bras le corps plus récemment. A Belém, le réseau "Climate Justice Now" a organisé une série de séminaires : trois ont permis d’entendre différents témoignages sur les effets du changement de climat (raréfaction de l’accès à l’eau, menaces sur les zones inondées (deltas) ; les derniers ont permis de débattre sur la préparation de la conférence de Copenhague (décembre 2009) et des mobilisations spécifiques nécessaires, mais aussi sur la nécessité d’intégrer la dimension "climat" dans le quotidien de nos luttes. Ce texte affirme le lien entre justice climatique et sociale, le refus des peuples de payer les conséquences de la crise climatique et des fausses solutions libérales.

Biens publics mondiaux

Deux séries de séminaires essentiels, l’un sur les biens publics mondiaux, l’autre sur les relations entre l’Union Européenne et l’Amérique Latine (coorganisée avec l’Association France-Amérique-Latine), perdues dans des locaux introuvables, déplacées, fractionnées... ont peiné à trouver leur public. Le concept fondamental de "biens publics mondiaux" affirme le droit inaliénable et imprescriptible pour tous d’accès aux biens communs (eau, air, ressources diverses naturelles) et aux biens publics (éducation, santé, monnaie...) plus construits socialement. L’idée avance d’une Déclaration Universelle du Bien Commun, centrée sur des droits collectifs, non concurrente bien sûr de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme (plus centrée sur des droits individuels) élaborée dans la démocratie et la pluri-culturalité, (et garantissant ces dernières) repoussant entre autres un modèle de ’développement’ qui serait LE modèle unique à reproduire ou atteindre.
Le texte final est disponible

Et d’autres...

De nombreux autres séminaires auraient mérités autant d’attention... sur la situation des femmes, celle des peuples indigènes, sur l’eau, les mouvements sociaux, les migrations, contre la guerre, etc. (voir). Pas moins de 21 déclarations de réseaux ont été lues lors de l’Assemblée des Assemblées le dimanche 1er février. Beaucoup (la moitié ?) de ces déclarations font explicitement référence dans leurs préambules à la crise actuelle considérée comme une crise systémique et globale avec ses aspects multiples (climatique, alimentaire, énergétique, sociale…) comme le souligne la déclaration "Pour un nouveau système économique et social, mettons la finance à sa place !". Des avancées ont eu lieu dans la perception et la prise en compte du lien fondamental entre le social et l’écologique, mais la crise écologique a été trop souvent réduite à la grave crise climatique.
Alors que Gaza sortait à peine de semaines de terreur, le soutien au peuple palestinien a été largement réaffirmé notamment lors de l’assemblée finale.

En marge du forum, cinq chefs d’Etat


La charte de Porto-Alegre de 2001 fixe les principes d’organisation et de participation aux Forums Sociaux. Elle souligne qu’il s’agit de forums de la société civile (article 1), que ne peuvent "participer en tant que tels les représentants de partis ni d’organisations militaires (article 9.). Mais, "pourront être invités à y participer, à titre personnel, les gouvernants et parlementaires qui assument les engagements de la présente charte" (article 9). La participation aux forums de parlementaires et autres politiques ne pose pas de problème (et ils sont nombreux ; on a même vu une ancienne candidate à la présidence de la République française). Une jurisprudence s’est installée : les chefs d’Etat soient invités à s’exprimer en marge et à l’extérieur du Forum.
Dans l’après-midi du vendredi 30 janvier, Hugo Chavez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Équateur) et Fernando Lugo (Paraguay) ont tenu une première réunion, à l’invitation de mouvements sociaux (dont Via Campesina, le Mouvement brésilien des Sans Terre, les mouvements de femmes). L’absence remarquée de Lula est significative des débats de la société brésilienne sur les orientations politiques portées par Lula : alliance avec l’agro-business qui concourt certes à l’indépendance énergétique du Brésil (mais avec les agro-carburants), au désendettement du Brésil vis à vis du FMI, à l’équilibre de sa balance commerciale (par les exportations agricoles comme le soja) mais ne va pas sans poser de graves problèmes sociaux notamment sur la répartition de la terre et écologiques en Amazonie.
A l’invitation de Lula (qui est "chez lui" !) un meeting (toujours à l’extérieur du Forum et auquel nous n’avons pu assister) a ensuite regroupé les 5 chefs d’Etat (Lula qui, constitution oblige, ne se représentera pas aux présidentielles de 2010 prépare aussi la candidature de son successeur). Dans des styles différents, ils ont exprimé leur rejet du libéralisme et souhaité un renforcement des liens entre leurs gouvernements et les mouvements sociaux. Leur présence à Belém (et non à Davos) est significative de l’importance des Forums et de l’évolution de l’Amérique latine.

Mobilisations


A l’issue du Forum une vingtaine de journées de mobilisations ont été annoncées. Dans sa déclaration finale l’assemblée des mouvements sociaux souligne que "nous sommes face à une crise globale provoquée par le capitalisme qui n’a pas d’issue au sein du système" et ajoute que "pfaire face à la crise, il est nécessaire d’aller à la racine du problème et d’avancer le plus rapidement possible vers la construction d’une alternative radicale qui en finisse avec le système capitaliste et la domination patriarcale. Il est nécessaire de construire une société basée sur la satisfaction des besoins sociaux et le respect des droits de la nature ainsi que la participation populaire dans un contexte de pleine liberté politique.". Ils appellent à la mobilisation pour des mesures urgentes et s’engagent à
. organiser une semaine d’action globale contre le capitalisme et la guerre du 28 mars au 4 avril 2009 avec notamment :
  une mobilisation contre le G20 le 28 mars à Londres,
  une mobilisation contre la guerre et la crise le 30 mars,
  une journée de solidarité avec le peuple palestinien pour impulser un boycott, le désinvestissement et les sanctions contre Israël le 30 mars,
  la mobilisation contre l’OTAN à l’occasion de son 60èmeanniversaire le 4 avril, à Strasbourg-Khiel,
. renforcer les mobilisations annuelles
  8 mars : journée internationale de la femme,
  17 avril : journée internationale de la souveraineté alimentaire,
  1ermai : journée internationale des travailleu/rs/ses,
  12 octobre : lutte pour la Terre Mère, contre la colonisation et la marchandisation de la vie.
. mettre en place un agenda des résistances contre le sommet du G8 en Sardaigne, le sommet climatique de Copenhague, le sommet des Amérique à Trinité et Tobago…
Le lien entre délibération et actions souligné dans l’article 7 de la Charte est ainsi assuré, dans la poursuite de ce qui a déjà été acté dans d’autres forums (à Malmoë par exemple)

Un autre monde est possible ... et nécessaire.


Le succès du Forum Social Mondial de Belém ne se mesure pas seulement au nombre – impressionnant – de participants. Il augure bien de l’avenir du "mouvement de la société civile qui s’oppose au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme" (article 1 de la Charte).
Tout ne fut pas parfait : la logistique est toujours un point sensible des Forum Sociaux, notamment les traductions, la signalisation, les modifications des horaires et des lieux aggravés par la dispersion sur 2 sites. 2000 ateliers c’est à la fois beaucoup et peu rapporté au nombre de participants. Comme concilier les nécessaires cohérence et diversité des centres d’intérêts ?
Le succès du Forum (dans la déclinaison international au moins) a été soutenu par les travaux des forums antérieurs et le suivi des contacts au sein des grands réseaux internationaux (crise financière, justice climatique, eaux, dette, femmes, peuples indigènes etc.). La qualité des débats, des déclarations finales et décisions d’actions en attestent. Les convergences, la structuration de la société civile et sa capacité à peser s’en trouvent confortées.
La dynamique de l’altermondialisme semble largement assurée. La forte présence de jeunes (brésiliens ou non) en est une garantie. Mais des efforts sérieux doivent être entrepris pour assurer une véritable participation mondiale au regard de l’absence de représentation conséquente de l’Afrique et de l’Asie notamment. Les différents niveaux géographiques doivent mieux s’articuler entre eux : forum mondial, forum continentaux, forums locaux... C’est à ces conditions que se fera le lien entre la réflexion et les mobilisations et que les populations touchés par la crise seront impliquées.
Face au forum des élites économiques de Davos, le Forum Social Mondial est l’occasion pour le mouvement altermondialiste de construire les convergences des mouvements citoyens, dans toute leur diversité intellectuelle, culturelle, géographique. C’est un lieu unique de rencontres, d’échanges entre mouvements sociaux, écologistes, féministes, syndicaux... La diversité des cultures fait sa richesse et assure son dynamisme.
Ce Forum comme les précédents qui se sont tenus en Amérique latine notamment témoignent des alliances tactiques qui peuvent se nouer entre les mouvements progressistes et des gouvernements en conflit avec les grandes puissances néolibérales. La présence de Lula et de ses "confrères" en témoigne.
Le processus des Forum Sociaux vit aussi des tensions qui le traversent. L’une des tensions est sous-jacente à l’article 4 de la Charte de Porto Alegre : de nombreuses déclarations finales qui témoignent d’une dynamique de radicalisation des luttes face à la radicalisation du capitalisme cohabitent avec d’autres plus soucieuses de "tempérer" les dégâts et les contradictions de la mondialisation néo-libérale et de rechercher de nouveaux modes de régulations.
Les Forums restent un cadre dans lequel critiques et alternatives sont discutées et énoncées, cadre de confrontation des progressistes qui luttent pour un monde qui soit socialement solidaire et écologiquement soutenable.

Saint-Nazaire, 22 février 2009
Geneviève et Augustin

1 Pour accéder à la version française des textes des assemblées de Belém :

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