Action des Faucheuses-eurs volontaires le lundi 23 juillet

Hier, lundi 23 juillet, les faucheurs volontaires ont mené une action au
terminal agroalimentaire du port autonome de Nantes Saint Nazaire,
notamment au niveau de l’entreprise Cargill à Montoir.

Plusieurs millions de tonnes de soja y sont débarqués chaque année dont du
soja OGM. N’ayant pas vu le tract, j’ai cru comprendre tout de même que
l’objectif était d’obtenir des informations sur le nombre de tonnes
exactes et la façon dont les deux filières (OGM, non OGM) coexistent. La
revendication phare étant l’obtention d’un moratoire sur les OGM.

Récit

J’ai eu l’information en consultant mes courriels vers 16h15. Débutée vers
11h, l’action consistait à bloquer les voies d’accès au terminal.
Quand j’arrivai sur les lieux vers 16h45 des camions étaient effectivement
à l’arrêt en raison du blocage de trois points stratégiques.

Mon premier contact fut avec un faucheur venu de Millau dans l’Aveyron.
Environ 150 personnes ont participé à l’action. (La veille avait eu lieu
une assemblée générale des Faucheurs volontaires à Riec près de Quimper
regroupant 5OO personnes.)

Vers 17h une AG s’est tenue. Une grue nécessaire pour le terminal
méthanier ne pouvait être acheminée en raison du blocage, risquant alors
de poser des problèmes de sécurité pour l’appontage du méthanier.

La pression monta (avec le gaz rien détonnant !). Comment les médias
reprendrait l’éventuel mise en danger occasionnée par les faucheurs qui
bloquait le passage de la grue ? Les faucheurs allaient-ils agir de
manière responsable pour conserver leur image médiatique ?
Là où j’étais l’AG décida de laisser passer la grue sans aucune
contrepartie. Seulement il y avait deux autres groupes. L’un ne souhaitait
pas laisser passer la grue, considérant qu’il revenait aux autorités
portuaires de gérer les impondérables de la vie d’un port. L’autre groupe
souhaitait utiliser l’autorisation d’accès en contrepartie d’un
rendez-vous avec les autorités.

Bilan des opérations, le temps s’est écoulé. Le problème de la grue s’est
envolé. (c’est beau un vol de grue !).
Les voitures de gendarmerie commencèrent à se faire plus nombreuses vers
19h. On obtint la copie du fax adressé par la sous-préfecture aux
autorités ministérielles. Il semblait y avoir une satisfaction de la part
des faucheurs. Certains remarquant qu’on "pourrait croire à un article de
Ouest France".
Le débat continua. Comment allait se poursuivre l’action ? Certains
souhaitaient bloquer jusqu’au lendemain car aucun rendez-vous ferme
n’avait été obtenu avec les ministères. D’autres voulaient finir à 1h,
pressentant l’intervention des forces de l’ordre.
Le temps de la discussion, quelques allées et venues eurent lieu entre les
porte-paroles des faucheurs et les représentants des autorités présents.
On apprit que France Info vers 20h avait annoncé que nous bloquerions le
site toute la nuit alors qu’aucune décision n’avait été prise en ce sens.
Sur les portables, les infos arrivaient : la couverture médiatique et
notamment télévisuelle était très satisfaisante. Vers 20h25, un
rendez-vous était obtenu pour une rencontre avec les membres du cabinet de
la Ministre de l’écologie Nathalie Kosciuko Morizet.

Après un verre de soupe chaude, je quittai les lieux vers 21h30, j’ai pu
découvrir cinq véhicules de CRS qui stationnaient à l’entrée de la zone
portuaire de Montoir...

Analyse

Il s’agit de la première action d’envergure des faucheurs en dehors des
champs de plantes transgéniques.
La confidentialité concernant la destination a permis Le blocage d’un
terminal agroalimentaire durant 9 heures. Des camions n’ont pas pu
effectuer leur chargement. L’appontement d’un méthanier a été retardé de
quelques heures. Cette action a donc eu un impact économique certain.
D’après les dire, c’est la première fois que les faucheurs vont être reçus
par les autorités de l’Etat, eux qui n’avaient le droit jusqu’à présent
qu’aux bancs des palais de Justice. (Le comble c’est que la clique à Sarko
leur propose de participer au Grenelle de l’environnement !)

Sur les 150 personnes venues de toute la France, nous n’étions qu’une
vingtaine de Loire Atlantique. Force est de constater que le réseau local
est à construire entre toutes les associations "progressistes" !
Je pense qu’il est nécessaire que l’on se réunisse d’ici l’automne pour
établir des coopérations afin de résister un tant soit peu contre le
rouleau compresseur sarkozyste !
Sachant que parmi les membres d’attac nombreux sont ceux qui adhèrent à
d’autres associations, faisons déjà un état des lieux du réseau associatif
couvert. Il me semble que c’est une nécessité.
Je l’ai remarqué lors de ma participation à une réunion du groupe de
travail du Conseil de développement de la Carene, il y a de nombreux
points de convergences entre des associations comme Bretagne vivante,
Nature-action, la LPO, le GAB et Attac. Je pense que nous sommes entrer
dans une nouvelle phase. Le système néolibéral dans la mondialisation
commence à être compris dans son ensemble avec ses impacts à tous les
niveaux (social et écologique, voire anthropologique). L’alternative ne
peut se construire si chacun reste dans son association. Nous pouvons
mettre nos compétences en réseau et coopérer ensemble pour rendre ce monde
plus vivable. Retroussons donc nos manches !

Thierry Brulavoine
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