Malakoff – Notre-Dame-des-Landes, Quel monde pour demain 

Rap des villes, Rap des champs : Malakoff-des-Landes questionne le monde de demain

Le 13 janvier 2016, la Maison des Haubans accueillait à Malakoff un événement soutenu par ATTAC 44. Intitulé « Malakoff – Notre-Dame-des-Landes, Quel monde pour demain ? » l’événement s’est articulé autour d’un atelier d’écriture et d’un concert de Hip-Hop suivi d’un débat.
Zakaria, qui a vécu près de 30 ans dans le quartier explique : « Il est faux de penser que les gens des quartiers dits populaires n’ont pas d’avis sur le monde qui les entoure, sur leurs attentes en matière d’économie, de politique, d’éducation, de culture et de bien-être de manière générale. L’idée est donc de multiplier les espaces d’échanges et de favoriser les espaces d’expression populaire autour des questions importantes et c’est le cas notamment du projet d’aéroport de Notre Dame-des-Landes qui dépasse largement les simples questions d’emploi, et de compétitivité à tout prix ».
Un atelier d’écriture a donc réunion une quinzaine d’enfants du quartier tout le mercredi après-midi. Les enfants sont accompagnés pendant toute la durée de l’atelier par des adultes et des artistes du groupe ZSR qui les aident à construire leurs textes. Habitués des ateliers d’écriture qu’ils organisent chaque semaine sur la ZAD, l’alchimie a fonctionné et le contact avec les enfants s’est fait naturellement. Certains parlent de leur quartier, de leurs amis, de la musique qu’ils aiment.

Et cela marche : « on est frappés par leur implication et leur envie de créer, d’exprimer ce qu’ils aiment, ce qu’ils pensent » indique Hanifa qui ajoute que « les enfants ont une pensée bien plus lucide et visionnaire que ce que le cynisme des adultes tente de nous faire croire ». C’est le cas de Wassil, 12 ans qui affirme que « l’aéroport va détruire une terre saine et utile aux humains et à la nature ». Les textes sont ensuite enregistrés et mis en musique auprès de Loïc, un rappeur qui a installé un studio d’enregistrement éphémère pour l’occasion.

Un concert, un débat et des perspectives.
La deuxième partie de l’événement a réuni à la salle de Diffusion des Haubans un public hétéroclite venu écouter le groupe Zad Social Rap suivi du rappeur RBK et de ses nombreux fans tous du quartier. « On est très heureux de partager la scène avec un rappeur du quartier et de permettre un échange et une convergence ». Etat policier, méfaits du capitalisme, désobéissance civile, mal-être de la jeunesse, destruction de l’environnement sont autant de thèmes qui ont résonné pendant près d’une heure trente.

Le concert a été suivi d’un débat qui a dressé un constat sur la politique urbaine et le Grand Projet de Ville Malakoff/Pré-Gauchet. « Malakoff a montré la voie il y a des années quand les politiques ont abandonné le projet de voie express sur la Petite Amazonie » explique Zakaria à l’auditoire en rappelant que « les mêmes arguments d’utilité publique auraient pu être utilisés mais c’est l’intérêt du peuple et de l’environnement qui était la priorité d’alors ».
Côté éducation, le jeune trentenaire rappelle aussi que le collège Sophie Germain a eu que 44% d’échec en 2015 au brevet des collèges alors qu’il n’est que de 13% au niveau national : « un chiffre incompréhensible quand on connaît l’importance des investissements ». Une preuve pour lui que c’est le modèle qui est en crise et qu’il va falloir tout repenser en commençant au niveau local que ce soit les pratiques démocratiques, l’économie, l’environnement ou l’éducation. « Il y a en tout cas aujourd’hui des raisons d’espérer en voyant des liens se tisser entre paysans et citadins, entre jeunes militants écologistes et jeunes des quartiers populaires. Les malakoffiens, a fortiori les jeunes ont compris les enjeux de ce projet d’aéroport et rejettent clairement le monde qui va avec ».

Signature : V.N.

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