La casse de la Sécu, une fatalité ?

Déficit de la sécu, déficit budgétaire, dette publique, on nous culpabilise, on nous prêche l’austérité, mais l’austérité pour qui ?

En 1946, au sortir de la 2ème guerre mondiale, la France a mis en place la sécurité sociale : un projet novateur, économique, rationnel pour prendre en charge la santé.
Economique et rationnel, parce les dépenses de santé, prises en charge collectivement, permettaient de limiter les coûts tout en donnant un nouvel essor aux progrès scientifiques et à l’amélioration de la santé.

Novateur parce que ce système de prise en charge sociale de la santé basé sur le principe "chacun cotise selon ses moyens et est soigné selon ses besoins" était une importante avancée sociale.

Maintenant, qu’en est-il ?

Les dépenses liées aux progrès médicaux, mais aussi à l’effet inflationniste des dépassements d’honoraires à partir des années 80, ont augmenté et se montent à 11 % du PIB. Malgré l’augmentation du « reste à charge » pour les assurés sociaux, les déficits se sont creusés (30 milliards cette année) et système est délibérément remis en cause à travers une logique quelque peu étrange : tant que les coûts sont supportés par la collectivité, ils sont supposés être une charge mais les surcoûts sont supportés par l’assuré, ils se transforment de façon étonnante en profit.

Le choix de société de ce gouvernement est bien là : la collectivité doit se désengager pour que la santé profite davantage au privé, aux fonds de pension, aux assurances.
Que l’on juge un peu : les frais de gestions de la sécurité sociale se montent à moins de 5 %, les frais de gestion d’une assurance à plus de 15 %.
On diminue donc la part remboursée par la Sécu sur les petits risques, beaucoup plus solvables, pour favoriser le recours aux assurances.
On a laissé filer les déficits de la sécurité sociale en les gonflant artificiellement :

  • Le gouvernement offre de généreux dégrèvements de cotisations sociales sans en vérifier l’opportunité au regard de l’aide à l’emploi : 35 milliards en 2010 que l’état ne compense que partiellement.
  • L’industrie pharmaceutique est fustigée dans le dernier rapport de la cour des comptes comme un système « insuffisamment rigoureux » et « peu transparent » avec des « anomalies coûteuses » dans les rapports entre l’industrie pharmaceutique et les autorités chargées de fixer le prix et le niveau de remboursement des médicaments. Le rapport note que la dépense sur les médicaments, 35,4 milliards d’euros en 2009, est en France, bien au dessus de nos voisins européens.

A cela s’ajoute le fait que la part des salaires dans le PIB a diminué de 9,3 % en 20 ans en faveur des revenus du capital qui sont eux, faiblement mis à contribution :

  • 40 % de cotisations sociales sur les revenus du travail ; au mieux 8 % sur les revenus du capital et sur les produits de la spéculation financière qui par ailleurs sont faiblement taxées et bénéficient de nombreuses niches fiscales, qui s’alourdissent d’année en année.
  • Alors qu’une augmentation de la masse salariale de 1 % représente 2 milliards d’euros dans les caisses de la sécurité sociale.

Un déficit voulu et organisé par le gouvernement qui refuse de faire participer les revenus du capital, qui veut privatiser l’offre de soins solvables, pour ne garder que la prise en charge à minima de la longue maladie et des assurés les plus pauvres, peu intéressants pour le secteur privé.

Les conséquences, devons-nous les subir ?

Diminution des remboursements des soins courants à 50/65 % et les assurances se développent accentuant les inégalités devant la maladie !
15 % des assurés ont dû renoncer à des soins, 33 % pour ceux qui n’ont pas de mutuelle,
Le Handicap, la longue maladie sont de moins en moins pris en charge et pèsent lourdement sur les proches,
Le secteur psychiatrique est en grande difficulté,
Le système hospitalier est de plus en plus à bout de souffle, « malade de la rentabilité ».
Pour le Pr Grimaldi, professeur de médecine :
« On détricote maille à maille, dans le dos des français, le système que l’on avait construit, sans qu’il y ait un débat national. »

Remettons en cause ces réformes illégitimes !
Pour une santé égalitaire et solidaire, exigeons un débat citoyen
Défendons la Sécurité Sociale.

AgendaTous les événements