Europe : l’immigration au menu à Vichy

Un sommet de répression

Voici un témoignage d’un adhérent d’Attac 44 de Nantes qui pourra probablement être complété par des militants de Clermont Ferrand et de Vichy présents lors de la manifestation.

Brice Hortefeux avait choisi Vichy pour réunir, les 3 et 4 novembre, les 27 ministres européens de l’Union européenne chargés de l’immigration. Le choix de Vichy pour tenir ce sommet avait été fait pour redorer le blason de la ville et en finir avec les choses du passé !! Ceci n’a semble-t-il posé aucun problème au maire de la ville M. Malhuret, co-fondateur avec B. Kouchner, de « Médecins sans frontières ». Il est vrai que le sommet s’intitulait (défense de rire) « Sommet de l’intégration » et visait à mettre en cohérence les succès et les échecs des pays européens sur la question de l’immigration, bref montrer les « bonnes intentions de l’Europe » (comme le titrait le journal local La Montagne). Trouver une « boite à outils pour que la Marseillaise ne soit plus sifflée ».

Sommet européen sur l’immigration

Le choix de Vichy pour un tel sommet a été ressenti avec dégoût par les personnes venues manifester pour dénoncer une « Europe forteresse » et la nature du Pacte européen sur l’immigration adopté par les Chefs d’Etats à Bruxelles le 16 octobre dernier (Directive retour ou directive de la honte, immigration choisie et jetable, difficultés pour le regroupement familial, quotas de reconduite aux frontières, conditions d’enfermement dans les centres de rétention administratifs, non-respect des droits à la personne humaine, agissement de l’agence européenne Frontex, 13 000 personnes mortes en 20 ans aux frontières de l’Europe,…..).

Pour dénoncer la politique européenne de l’immigration, un contre sommet était organisé, non à Vichy mais à Cusset (localité limitrophe) où le centre culturel Chambon avait été mis à la disposition des associations (notamment RESF), des syndicats et de plusieurs partis politiques, par le maire communiste de la ville. En soutien au contre sommet, une manifestation était programmée le 3 novembre à 18 heures dans Vichy, manifestation qui n’était pas autorisée à s’approcher de l’espace du sommet officiel, mais dont le trajet, clairement défini et devant se terminer place de la mairie, avait été autorisé.

Trois mille personnes étaient attendues. Pour protéger l’espace officiel, un impressionnant service d’ordre était déployé et mis en place : environ 800 CRS et forces de la Gendarmerie, 2 hélicoptères et spécialistes du GIGN, en gros donc un représentant des forces de l’ordre pour 3 à 4 manifestants, du rarement vu !!

La manifestation partant de la périphérie de Cusset s’est dirigée dans le calme vers le centre de Vichy, selon le parcours autorisé, manifestation non violente dans laquelle des parents avaient emmené leurs enfants. Dans la rue centrale de Vichy, le cortège s’est heurté au barrage policier, présent, imposant, mis en place pour susciter l’affrontement avec des jeunes libertaires venus pour en découdre. Le service d’ordre de la manifestation a été vite débordé par la suite des évènements. Plusieurs personnes ont eu clairement le sentiment d’être tombées dans un traquenard, une provocation pour que la manifestation dégénère. La suite ne s’est pas fait attendre : tirs de grenades lacrymogènes, dispersion de la manifestation dans les rues adjacentes, regroupement vers la gare de Vichy et décision de retourner vers le centre culturel de Cusset où devait se tenir en soirée un meeting unitaire. L’objectif de rejoindre initialement la place de la mairie de Vichy n’était plus autorisé. Le déplacement sur 3 km s’est déroulé sous la pression incessante des forces de l’ordre qui au final prenaient position autour du centre culturel de Cusset pour provoquer à nouveau des affrontements, empêchant le meeting de se tenir comme prévu.

Organiser un sommet sur l’immigration à Vichy était déjà en soi honteux, quadriller la ville par un dispositif de sécurité disproportionné et faire en sorte d’empêcher l’expression démocratique des citoyens fut une seconde étape qui donnait une singulière résonance à ce qui était clamé dans les rues de Vichy : « Pétain, reviens, t’as oublié tes chiens » .

M. Marchand

voir aussi : Vichy, vers une grande répétition de l’Histoire ? (Communiqué de la FASTI)

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