Face aux réactionnaires, riposte féministe et antiraciste !

, par Juliette

Vendredi 14 avril 2023, Nantes

Le 15 avril prochain, le Comité Laïcité République Pays de la Loire (CLR) avait prévu d’organiser un colloque intitulé “Femme Vie Liberté : un combat laïque universel”, présenté comme “colloque de soutien aux femmes iraniennes et afghanes”. Habitué des prises de positions islamophobes, misogynes et des polémiques sur le hijab au nom de la laïcité, le CLR instrumentalise ici les luttes pour leur émancipation des Iraniennes et des Afghanes, afin de servir son agenda politique. À cela s’ajoute une énième attaque directe envers les minorités de genre de la part du comité à travers l’invitation de Marguerite Stern, figure médiatique transphobe travaillant activement contre les droits des personnes LGBTQIA+. Si une forte mobilisation d’élu-es et de militant-es de Nantes et de toute la France a permis l’annulation de cette invitation honteuse, puis du colloque à Nantes, nous condamnons les choix politiques du CLR et nous nous opposons fermement à ce que ce colloque soit reporté et délocalisé à Paris.

L’obsession du CLR contre le port du hijab est bien connue, et le comité crée et alimente régulièrement des polémiques sur le sujet, se prévalant d’une définition de la laïcité dévoyant la loi de 1905. Nous condamnons très fermement cette constante instrumentalisation de la laïcité pour justifier des discriminations racistes et misogynes. Cela participe à entretenir une islamophobie structurelle et croissante, et n’est pas sans lien avec la propagation et la normalisation d’idées et éléments de langage de l’extrême-droite. Nous défendons plus que jamais le droit de chacune à porter ou non le hijab. Il nous semble en effet tout à fait hasardeux, dangereux et infantilisant de mettre sur le même plan les femmes n’ayant d’autre choix que de porter le hijab en raison d’un contexte politique et social d’une grande violence, que ce soit en Iran, en Afghanistan ou ailleurs, et des femmes choisissant de le porter dans un contexte démocratique, garantissant (en théorie…) la liberté de conscience comme c’est le cas en France. Mettre ces situations sur le même plan relève de la mauvaise foi intellectuelle et ne renvoie qu’un message : où qu’elles soient, les femmes ne peuvent décider pour elles-mêmes. La législation et le débat public en France ostracisent de plus en plus la population musulmane - ou perçue comme telle - et il est intolérable que des individus ou entités comme le CLR utilisent les luttes pour la vie et l’émancipation de femmes pour justifier la discrimination d’autres femmes.

D’autre part, le CLR réitère son positionnement contre les droits des minorités de genre. Le comité s’était déjà attaqué aux collectifs organisateurs de la marche du 8 mars 2023 à ce sujet via un communiqué (10 mars 2023), les accusant d’un “hold-up” des “femmes biologiques" au profit d’un grand remplacement par les minorités de genre qui viendraient les “éjecter”. Il n’est donc pas étonnant que le CLR ait invité Marguerite Stern, dont la transphobie est assumée jusque dans la fiche de présentation des invité-es du colloque. Stern et ses allié-es portent des discours haineux et de désinformation totale sur les questions de transidentité et sur les minorités de genre, mais également sur la question du hijab. La médiatisation croissante et décomplexée de ces discours est honteuse, et sert fondamentalement l’extrême-droite qui se retrouve totalement dans les discours essentialisant la catégorie de femme et discriminant les minorités. Le CLR s’inscrit indubitablement dans cette lignée. Il a plusieurs fois exprimé son mépris pour les minorités de genre, et agit même activement et médiatiquement contre les droits des LGBTQIA+. Ce colloque et les réactions du CLR à la mobilisation en sont une nouvelle illustration : l’instance nationale du CLR reprend, dans un communiqué "dénonçant les menaces contre le CLR Nantes", des éléments de langage complotistes, courants à l’extrême-droite. Nous alertons sur le danger que représente la normalisation de ces discours construisant une prétendue "menace transactiviste" qui ne sert qu’à marginaliser toujours plus les personnes trans.

Nous interpellons la ville de Nantes sur l’opportunité de continuer à subventionner localement cette plateforme des idées de l’extrême-droite dans un contexte politique national déjà fascisant. À Nantes, à Paris et ailleurs, il est intolérable de donner le moindre espace à ces discours haineux !

Organisations et personnes signataires :
Féministes Révolutionnaires Nantes - Paloma - Reboo-T - Union Handie -
Planning Familial 44 - Pour une M.E.U.F 44 - La CLAC - Nosig -
Nous Toutes 44 - Solidaires Etudiant-es Nantes - Colleuxses Nantes -
Attac 44 - Révolution Permanente Nantes - Gonades -
DisQtons - La Maison du Peuple - UCL Nantes - NPA Nantes -
NPA Comité Rosa Luxembourg - Coruescation -
Bérengère Tessé, militante queer et féministe - Dex, artiste et militant queer

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